Les exigences d’un monde de travail en progrès soumettent les travailleurs à des conditions de travail parfois dangereuses pour leur sécurité et santé. Face à cette situation, il est aujourd’hui une des préoccupations mondiales de prévenir les risques et promouvoir la Sécurité et la Santé au Travail (SST). Cette notion de SST est un concept pluridisciplinaire qui a pour objectif de supprimer ou du moins réduire les risques d’accidents et de maladies susceptibles de se produire au cours de l’exercice d’une activité professionnelle. Avec l’appui de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) ; nombreux gouvernements, organisations d’employeurs et de travailleurs s’intéressent davantage à la SST. Madagascar fait notamment partie des pays, qui avec l’appui du l’Organisation Internationale du Travail met l’accent sur la priorisation de la SST.
Contexte national
Le monde du travail connait une évolution significative et continue, ce qui expose les travailleurs à des dangers de plus en plus importants. Or, la considération de leur sécurité et santé n’est pas au même rythme que ce progrès. Beaucoup de travailleurs sont, en effet, confrontés à des risques multiples liés au travail. Les chiffres au niveau mondial font état de 2,78 millions de travailleurs morts victimes d’accidents du travail et de maladies professionnelles en un an. 160 millions autres travailleurs souffrent de maladies liées au travail alors que 313 millions d’accidents non mortels se produisent chaque année.
Sur le plan national, Madagascar enregistre en 2019, 2313 cas d’accident de travail et 2275 cas de maladie professionnelle officiellement déclarés à la Caisse Nationale de Prévoyance Sociale. À ces chiffres officiels s’ajoutent les cas d’accident du travail et les maladies professionnelles non déclarés. Le monde du travail à Madagascar soulève ainsi de vives inquiétudes en matière de SST. Car mis à part les préjudices sur le plan économique (tant sur le PIB national qu’international), les accidents et maladies professionnelles causent surtout des préjudices sur le plan humain. Dans ce décor mobile, il a paru important d’évoquer la dynamique de l’OIT en collaboration avec le Ministère du Travail, de l’Emploi, de la Fonction Publique et des Lois Sociales (MTEFPLS) à améliorer la situation à travers la mise en place de projet, à l’instar de Fonds Vision Zéro (VZF) de l’acronyme anglais.
Le projet VZF et le gouvernement malagasy
À travers les financements entrant dans le cadre du projet VZF, l’OIT mène plusieurs actions en vue de promouvoir la SST. Ce projet vise ainsi à réduire, voire à supprimer, les décès, les accidents et les maladies liés au travail dans les chaînes d’approvisionnement. L’objectif principal du projet est d’accroître l’action collective publique et privée tendant vers l’encouragement et le renforcement des activités concrètes de prévention en matière de SST. Les premières interventions menées dans le cadre du VZF se sont focalisées sur les chaines d’approvisionnement mondiales de l’agriculture, du textile et de la construction. Madagascar fait partie des pays pilotes qui, en collaborant étroitement avec le BIT, met désormais l’accent sur la SST. La collaboration entre le gouvernement malagasy et le BIT a notamment permis d’établir un dialogue social sur la SST au niveau national et sectoriel, de former les Inspecteurs du Travail Malgaches sur les questions relatives à la SST et de développer un plan d’action conjointe des parties prenantes.
L’Institut National du Travail (INTra), en collaboration avec la Conférence des Travailleurs de Madagascar (CTM) et le BIT, a participé activement dans ce projet à travers la formation des organisations des travailleurs pour améliorer la SST et la riposte contre la Covid19 dans les chaines d’approvisionnement à Madagascar. Cette formation a été réalisée dans trois (03) régions, Analamanga, Atsinanana et Vakinankaratra, au bénéfice de 420 travailleurs et membres de la plateforme informelle. Chaque session de formation dure trois (03) jours pendant lesquels participants et formateurs discutent sur les différents risques et les mesures de prévention à adopter. Les participants sont majoritairement de sexe féminin (64 %) et issu du secteur industriel (52 %). Après ce volet dédié au secteur textile qui a pris fin en janvier 2022, l’autre volet du projet VZF axé sur le secteur de la construction est encore en cours.
Responsabilisation des parties prenantes
La pérennisation des activités menées dans le cadre des projets relatifs à la SST nécessite la responsabilisation des parties prenantes. Cette formation vise ainsi à renforcer les compétences des participants en matière de SST. Différents modules liés à la SST ont été abordés durant ces trois (03) jours de formation. Les formateurs ont soulevé les aspects théoriques et pratiques de chaque module traité.
Lors de la formation, les participants ont été notamment appelés à établir un plan d’action visant à sensibiliser et à renforcer les mesures de prévention en matière de SST. Parmi les points soulevés par les participants lors de ces sessions de formation, il y a notamment l’organisation de table ronde entre employeurs et travailleurs afin de discuter sur la SST. Figure également parmi les activités à entreprendre après cette formation la sensibilisation en matière de SST dans tous les secteurs d’activités ou l’organisation d’une séance suivi-évaluation avec la CTM.
La ratification et la promotion des Normes Internationales du Travail (NIT) relatives à la SST ne font qu’accroitre davantage la responsabilisation des parties prenantes. Madagascar affirme déjà son engagement pour promotion de la SST. En effet, l’avant-projet de code du travail reprend plusieurs principes prévus dans les NIT relatives à la SST, même si elles ne sont pas encore ratifiées. Ce nouveau code du travail requiert entre autres la mise en place d’un Comité Sécurité et Santé au Travail et du Document Unique d’Évaluation des Risques (DUER). À partir de ce nouveau code mettant en place des méthodes rationnelles de prévention et l’implication des différentes parties, il serait possible d’éviter les accidents de travail et les maladies professionnelles. Bref, ce projet a permis à l’INTra d’investir davantage dans la formation des travailleurs. La SST est devenue une plaquette de formation à part entière qui sera mise à la disposition de ses clients. En effet, en plus des expériences acquises durant les diverses sessions de formations, les formateurs de l’INTra ont tous reçu une formation de haut niveau octroyée par les experts du BIT. L’INTra réitère ainsi son engagement pour la promotion de la SST par le biais de la formation des travailleurs et des employeurs.